ALERTE REFORME LYCEES PROS : DÉCRYPTAGE DES 7 MESURES LES PLUS PROVOCANTES


1. Durée des PFMP : « Adapter le rythme et la durée des PFMP en fonction du parcours et des besoins de l’élève »
Si la perspective d’augmenter de 50% toutes les PFMP en 2023 semble être oubliée par la ministre, cette proposition contient presque à elle seule l’essentiel de sa réforme de la voie pro. On y retrouve l’idée d’autonomie de l’établissement chacun adaptant à sa guise la durée des PFMP et donc des horaires de cours, de la mixité des parcours les statuts différents des jeunes permettant des départs décalés, et l’ingérence des entreprises leurs « besoins » pouvant aisément se substituer aux « besoins des élèves ».


2.S’affranchir de l’année scolaire : « S’affranchir de l’année scolaire et permettre un cursus modulaire lors duquel l’élève valide des blocs de compétences »
La ministre veut calquer la formation des scolaires sur le modèle de la formation professionnelle des adultes. Une formation modulaire permettrait l’acquisition en priorité de « blocs de compétences » au détriment de l’acquisition d’un diplôme et ainsi, de s’affranchir des grilles salariales liées à leurs niveaux dans les conventions collectives. C’est aussi une attaque des disciplines et des modalités d’évaluation avec le risque de la mise en place d’une évaluation au fil de l’eau pour toutes les unités du diplôme. C’est le refus d’une politique scolaire ambitieuse égalitaire visant une formation globale, professionnelle et citoyenne. Ce type de formation ouvre la voie à une concurrence dérégulée d’organismes de formations privés.

3. Mixages : « Poser les conditions de la mixité des publics et de la mixité des parcours » L’objectif premier reste avant tout de continuer à développer l’apprentissage, dans une vision ultralibérale de la
formation et du « marché » du travail, pour continuer, notamment, à fournir de la main d’œuvre gratuite aux entreprises. Cela passe par l’augmentation du mixage des parcours et des publics qui dégrade les conditions d’études des élèves et les conditions de travail des enseignant∙es.

4. Concertation : « Favoriser les temps de concertation pour installer la nécessaire dimension collective de l’accompagnement des élèves / Installer un temps de travail collaboratif dans le service des enseignants » Le SNUEPFSU est favorable au développement de temps de concertation et de travail en équipe à condition qu’il soit pris en compte dans le temps de travail des enseignant∙es. Mais il est à craindre que, sous couvert de préoccupations pédagogiques, il ne s’agisse ici, une fois de plus, que de nous faire travailler plus, en globalisant/annualisant nos ORS, pour, finalement, gagner toujours autant.

5. L’accompagnement personnalisé : « Repenser l’accompagnement personnalisé pour qu’il puisse être effectif et efficace » Les réformes successives de la voie pro ont toutes eu pour conséquence une réduction drastique des horaires d’enseignement disciplinaires. Les heures d’AP, n’ayant de « personnalisé » que le nom, ne peuvent s’y substituer et ne suffisent pas à pallier ces carences. Actuellement présentées comme des « modules d’insertion pro » ou « de poursuite d’études », la ministre propose d’y associer chefs d’entreprise et/ou intervenants extérieurs. Le SNUEP FSUs’interroge sur les conséquences de ces modalités d’intervention, tant sur les DHG que sur les ORS des PLP.

6. Bac pro +1 : « Instaurer une année complémentaire facultative post bac pro, dédiée à la préparation de la poursuite d’études ou à la préparation de l’insertion »
Le SNUEPFSU s’interroge sur la pertinence d’une année supplémentaire d’étude APRÈS l’obtention du bac pro. Non diplômante, cette année ne permettrait pas l’acquisition d’un meilleur niveau de qualification et donc de rémunération et ne serait qu’un sas d’attente d’une plus grande « maturité » avant l’accès au monde du travail. Diplômante, cette année de plus laisserait entendre que le niveau du bac pro ne permet ni insertion, ni poursuite d’études, ce qui contribuerait, une fois encore, à le dévaloriser !

7. Soft skills : « Inscrire dans toutes les formations en LP un volet relatif aux compétences psychosociales/« soft skills » intégrées dans les apprentissages Les « soft skills » c’est en novlangue ce que l’on appelait autrefois les compétences comportementales ou savoirêtre : politesse, ponctualité, obéissance… Leur développement est une demande forte du MEDEF, qui rêve d’un monde du travail flexibilisé, où les ouvrier∙es/employé∙es seraient précaires au possible ! Des savoirs et savoirfaire sont menacés de disparaître des référentiels au profit de ces « soft skills », qui ont de plus l’avantage, aux yeux de la ministre, de pouvoir être « enseignés » par d’autres intervenant∙es que les PLP.

Pour le SNUEPFSU ces nouvelles annonces sont de nouveau des projets et des provocations
inacceptables et dangereux. Ignorante des réalités des lycées professionnels, la ministre serait mieux
inspirée d’écouter les représentant.es des personnels mais, personne n’est dupe, son objectif reste
de transformer nos lycées en centre de formation, de transférer les personnels au ministère du travail,
et de sacrifier l’avenir des jeunes !