Proposition de motion pour le CA contre les classes de prépa seconde

Les membres du CA du Lycée ……………………………………………………………………….
réunis le …………………….., expriment leur vive opposition à la création d’une classe prépa-2de.
Ces classes concerneront les élèves qui, à l’issue de leur troisième, auront obtenu une affectation en
seconde générale et technologique ou professionnelle mais échoué au brevet des collèges.
Chaque année, environ 100 000 collégiens sortent de 3e sans le DNB.
Si très peu de ces élèves (environ 5%) sont orientés vers le LGT, 45 % vont en LP préparer un bac
professionnel.
Si, en moyenne, le nombre d’élèves de bac pro n’ayant pas obtenu le DNB est de l’ordre de 25%, ce
dernier peut avoisiner 50 à 70 % de l’effectif dans les filières où le taux de pression est faible.
Les classes de prépa-2de vont donc impacter essentiellement les élèves des lycées professionnels.
À ces élèves qui cumulent difficultés voire échecs scolaires, difficultés sociales et familiales, on
impose donc une année scolaire supplémentaire.
Cette classe, qui n’est ni une troisième, ni une seconde, propose moins de cours disciplinaires que
ces dernières (8h de moins qu’une seconde professionnelle par exemple).
De plus, aucun programme n’est fixé et des matières n’y seront pas du tout enseignées puisque les
établissements choisiront les enseignements de sciences et les enseignements artistiques. Cela
génèrera une nouvelle inégalité entre élèves.
Seule une évaluation formative bienveillante est évoquée. Alors que l’échec au DNB était le
prétexte à l’affectation en prépa-2de, il n’est pas nécessaire que l’élève se présente à l’examen une
seconde fois et l’obtienne. Une simple attestation lui sera délivrée en fin d’année.
Dans un contexte de pénurie d’enseignants la généralisation des classes de prépa-2de correspond à 3
ou 4 000 emplois d’enseignants. Où va-t-on les trouver ? Comment va-t-on les financer ?
En plus des 20h de cours hebdomadaires, 7 heures d’ « enseignement préparatoire et
méthodologique à la suite du parcours » sont prévues.
Pour les élèves initialement affectés en 2de professionnelle mais contraints d’aller en prépa-2de,
c’est là que s’opéreraient les visites d’entreprises, la découverte des métiers et des
« enseignements » professionnels.
Quel intérêt pourront trouver les élèves et leur famille à envoyer leur enfant dans une telle classe,
alors que le CAP et la voie de l’apprentissage, y compris pour un bac pro, leur tendent les bras sans
réserve ? La non-obtention du DNB ne bloque pas l’entrée en apprentissage directement après la 3e.
Pourtant l’apprentissage est discriminant, inégalitaire et génère plus de décrochage que la voie
scolaire.
Ces classes de prépa-2de ont pour objectif de participer au tri social des élèves, amorcé dès l’école
primaire par la politique du « choc des savoirs ». Elles visent à inciter les élèves et leur famille à
choisir le CAP plutôt que le bac pro, à choisir l’apprentissage, c’est-à-dire le travail, plutôt que
l’école.
Si par accident l’élève se trouvait tenté d’aller toutefois en prépa-2de, le contenu flou des cours
dispensés pourrait vite le pousser à quitter l’école pour l’entreprise, démarche qui sera d’ailleurs
facilitée lors des 7 heures hebdomadaires préparatoires à la poursuite du parcours.
C’est pour toutes ces raisons que nous refusons ces classes de prépa-2nde et demandons la
réaffectation à l’école publique des moyens qui leurs seront accordés ainsi que de l’argent public
versé aux entreprises pour l’apprentissage. Ces moyens permettraient par exemple de favoriser les
dédoublements dans toutes les classes de LP et de réellement lutter contre les inégalités scolaires.
Notre métier n’est pas de trier les élèves !

Le document en pdf ici : Motion prépalycée_30_05_2024